En observant d’un peu plus près le déroulement général des rites funéraires québécois aujourd’hui, certaines questions peuvent spontanément venir à l’esprit. On peut par exemple se demander ce qui a bien pu se produire pour qu’à l’intérieur d’un laps de temps relativement court, l’expression du deuil au Québec change presque complètement de visage, du moins en apparence. Ou encore, constater que le rite de l’exposition du défunt n’est plus ce qu’il était autrefois; s’interroger sur la perception des gens ayant vécu de plus près cette mutation et vouloir leur donner la parole afin de mieux comprendre, tout simplement. C’est dans cette perspective qu’une enquête orale a été réalisée en l’an 2000, à Lévis. Il s’agissait d’une part de sonder les souvenirs des informateurs ayant été témoins et se souvenant assez clairement de l’époque où à Lévis on exposait les morts à la maison, et d’autre part d’explorer leurs perceptions du mode contemporain d’exposition du défunt, dans les salons funéraires. Cette démarche de collectes de données brutes et originales visait à exploiter celles-ci dans le but d’identifier plus clairement les mécanismes de ce phénomène. Pour ce faire, le modèle d’analyse suggéré par le sociologue français Claude Rivière a servi de cadre de présentation et d’analyse des données recueillies sur le terrain. De cette analyse succincte ressortent pourtant, déjà, les principaux éléments de rupture et l’évidente continuité à l’œuvre dans cette mutation rituelle.
MOTS-CLÉS: Coutume funéraire; Rites funéraires; Exposition; Défunt; Mort; Rite; Changement social; Québec (province); Lévis (ville).